Pascale B.

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30 octobre 2022

Mourir en soldat

Callum reçoit de son grand-père Meissner une longue lettre relatant son enrôlement dans la Wehrmacht, la déroute de son armée en 1944 face aux russes.
À la fierté primitive du devoir de soldat et de l’assurance d’une armée forte se mêlent le questionnement du bien-fondé de la tuerie et une introspection intime plus réaliste que patriotique.
Récit humain détaillé, poignant pour une descendance qui n’est plus concernée mais gardera une trace.
« Je me suis battu en restant pratique »

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24 octobre 2022

« Un groupe de réfugiés n’est pas un peuple «

Richard, professeur de lettres classiques récemment à la retraite est distrait de sa routine et de ses problématiques par sa rencontre avec un groupe de migrants africains réclamant une existence visible sur le territoire allemand.
D’abord par apathie, puis par sympathie, il se rapproche de ces exilés et les accompagne dans leurs démarches administratives. Fasciné par leur périple qui le ramène à la vie de ses propres parents, il en relativise ses soucis personnels ; puis partage aussi avec eux les lettres et la musique….
Le lecteur découvre l’Oranienplatz, lieu bétonné abritant les demandeurs d’asile, une halte sur un long parcours pour des migrants qui ne demandent qu’à travailler ; mais peu embrassent leur cause alors que, pour exemple, c’est la pollution des Touaregs africains qui fournit l’électricité en Europe…
Le texte littéraire et engagée de Jenny Erpenbeck rend les témoignages poignants et rend bien compte du bien-fondé des doléances et des failles du dispositif d’accueil.

« Qui le gouvernement de Berlin avait-il donc mis à l’abri, les Africains ou plutôt lui-même ? »
« Le statut de la tolérance n’est que la suspension de la reconduite à la frontière ».
« A présent, Richard s’aperçoit enfin que son regard sur le lac est indissociable du souvenir de l’homme qui y est mort, l’été dernier »

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19 octobre 2022

Ronya, fille de brigand

Carl distribue des commandes de livres tous les soirs. Il traverse des vies, Schascha , 9 ans, traverse soudain la sienne s’imposant dans sa routine pour le seconder dans sa tournée, s’intéressant de près à ses clients. Mais qui est Schascha ? Sa place est-elle aux côtés de Carl ?
L’auteur rend un tendre hommage à la lecture à travers la complicité autour des livres et la générosité d’un passeur de mots.
Roman sans prétention construit sur des dialogues.

« Les livres voulaient sans cesse qu’on les lise »

P.O.L.

19,00
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18 octobre 2022

Point rouge

Ariane doit braver sa paranoïa pour rejoindre son amie Sandrine afin de témoigner à son mariage.
Partageant la localisation de son amie par GPS durant tout le roman, Ariane occulte la disparition de Sandrine et s’obstine à rester connectée sur le point du GPS, vecteur de leurs souvenirs communs.

L’étrangeté du récit réside en cette surveillance solitaire où l’auteure enferme Ariane, en repli face au monde derrière un écran, faisant succéder réflexions personnelles et vocabulaire du GSP dans une zone boisée et éloignée, cadre hostile sans repère.
Le fameux point rouge laissera-t-il la place au deuil ?...

Roman de société ou thriller contemporain atypique alternant les outils numériques traitant d’une époque où l’on vit à distance sans confrontation réelle.

« Tu ne sais pas comment annoncer à Sandrine que tu les quittes, elle et son point »

16,50
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11 octobre 2022

Campo de Fiori

Gaspar, artiste parisien, fuyant les mondanités et la frénésie, par pour Rome où il s’adonne à sa passion : le jeu d’échecs. Il y rencontre la belle hongroise Marya, redoutable au jeu, venue pour retrouver la trace de parties jouées à Auschwitz par son grand-père, célèbre maître d’échecs mort en déportation, avec son geôlier nazi.
L’astronome et poète Giordano Bruno (16ème siècle), au destin incroyable et tragique, est le fil rouge de cette idylle naissante entre les deux protagonistes.

La légèreté du début du récit fait place aux sombres souvenirs de la guerre, la mémoire déambule avec fluidité à travers dialogues et phrases courtes vers un prologue mystérieux.

Il sera aussi facile, pour le lecteur, de se laisser porter par cette idylle romaine que de l’oublier.

« Au détour de ses phrases, il me semblait que persistait la possibilité du sentiment amoureux, jamais nommé, mais peut-être vif encore »