Un sentiment presque parfait

Dans la France de 1962, Christian, bachelier en puissance se cherche entre deux types féminins opposés. La brune Colette est une jeune fille de la bourgeoisie provinciale, réservée et sentimentale. Beauté, raffinement, intelligence, Colette a tout pour elle ou presque. À mille lieux des conventions se situe la blonde Gudrun, jeune artiste allemande rencontrée à Florence, qui vit déjà à cheval sur plusieurs cultures. Elle est moins belle, certes, mais tellement passionnante. 

La quête du bonheur ne devrait avoir rien de banal quand on a dix-huit ans, et l’âme stendhalienne, car peu importe que la passion naisse en France et qu’elle s’échappe ensuite vers l’Italie et l’Allemagne, terres d’élection des romantiques ; l’essentiel n’est-il pas de vivre ? Et pourtant… 

À travers Christian, Colette, Gudrun, et quelques autres garçons et filles, est brossé un tableau de la jeunesse du début des années 1960, qui prenait le temps de se passionner de tout : de littérature bien sûr, mais aussi de théâtre – celui de Jean Vilar en particulier – de la nouvelle vague cinématographique, et de bien d’autres choses encore. Elle avait soif aussi de partir à la découverte des pays européens voisins : c’était « la génération de l’Europe ». La fascination de l’Amérique de John Kennedy et la sympathie pour le « lider maximo », étaient les deux balises extrêmes entre lesquelles la jeunesse traçait sa route, face au grand large qu’est l’entrée dans le monde des adultes. 

La toile de fond est la France des années 1962 à 1964 : l’âge d’or du gaullisme. Porté par la croissance économique, le pays s’éloigne de ses racines rurales, et fait ses premiers pas dans la société de consommation, à défaut d’entrer vraiment dans la modernité.