Faubourg Saint-Dominique, Montpellier

– Les copains sont de Figuerolles ou du Courreau, mais nous, on habite dans quel quartier ? demande Vincent à Henri, son père.– Nous vivons à Saint-Dominique. Les premières maisons longeaient le faubourg du même nom, devenu par la suite avenue de Lodève. Au fil du temps, les constructions ont grignoté l'espace, se sont étendues vers l'Aqueduc. Toute la zone jusqu'aux Arceaux a pris cette appellation qui, aujourd'hui, a disparu. En cette année 1963, tels des gavroches, rusés, débordant de vie, parfois effrontés, jamais méchants, les garçons sillonnent leur territoire, font du Peyrou leur aire de jeu privilégiée. À dix ans, on ne s'encombre pas de filles… sauf Juliette, Giuletta pour ses parents. Elle est différente, intrépide, jolie, et intelligente en plus ! Les jeunes mâles l'ont acceptée, surtout Vincent. Le dimanche, Henri délaisse son potager et cette tomate bizarre, orgueil familial depuis des siècles. Il accompagne alors son fils vers l'une des nombreuses plaques commémoratives, liées à la Résistance, et fixées çà et là dans les rues de Montpellier ; pour ne pas oublier, dit-il. Plus tard, il lèvera le voile posé sur le passé. Une saga familiale, des années 1940 à nos jours.