Le Temps, le temps

Martin Suter

Points

  • Conseillé par
    14 octobre 2015

    Le temps n'existe pas

    Comment appréhender le temps ? D’ailleurs existe-t-il ? Seule la transformation des êtres, des lieux prouve son existence mais à supposer que l’on gomme toute modification qu’adviendrait-il du temps ? C’est à cette spéculation intellectuelle que nous invite Martin Suter dans son dernier roman aussi ingénieux que déroutant.

    Peter Taler, comptable d’une quarantaine d’années, mène une existence terne depuis l’assassinat de son épouse un an plus tôt, abattue au pied de son immeuble. L’enquête n’a rien donné et le coupable court toujours. Sa seule distraction, siroter une bière en fin de journée à son balcon. Or, ce jour -là une impression étrange s’empare de lui. Quelque chose s'est modifié, mais quoi ? Il serait bien incapable de le dire, les maisons, les jardins du voisinage semblent inchangés. Pourtant, le sentiment d’étrangeté ne le quitte pas. En face de chez lui, il y a cet homme curieux qui l’observe en jardinant et le photographie.
    Lorsqu’il lui rend visite, Taler découvre un homme singulier et déprimé. Knupp est âgé, veuf depuis une vingtaine d’années et vit dans le souvenir de sa femme. Il n’a touché à rien depuis la disparition de Martha. Le vieil homme lui fait part de sa théorie. « Le temps n’existe pas. Seul indice du passage du temps, la modification. En supprimant la modification, on efface le temps. »  Knupp va entraîner son voisin dans une folle entreprise : recréer à l’identique une journée, vingt ans plus tôt juste avant la disparition de Martha. Les choses redeviendront telles qu’elles étaient alors et Knupp en est certain, il retrouvera sa femme. Bien que désarçonné par le projet, Taler accepte d’y participer. Les deux hommes développent des trésors d’ingéniosité et dépensent des fortunes pour reconstituer la petite ruelle telle qu’elle était ce 11 octobre 1991. Et lorsque le jour fatidique arrive….

    Martin Suter bâtit ici une intrigue invraisemblable dans laquelle on se laisse prendre avec délice.  La rigueur du style, le déroulement sans faille du récit font qu’à l’instar de Taler on finit par y croire. Et si c’était vrai ? « Le temps, le temps » est un livre réjouissant.

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