Nymphéas noirs

Michel Bussi

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  • Conseillé par
    13 avril 2018

    En marge du célèbre jardin de Claude Monet qui attire des hordes de touristes venus du monde entier, le village de Giverny semble paisible en apparence. Pourtant, comme partout ailleurs, il recèle son lots de secrets bien enfouis, de tensions latentes, de jalousies, de haines féroces et d'existences gâchées. Mais qui pourrait imaginer qu'un crime puisse être commis dans ce décor bucolique qui fait la joie des impressionnistes depuis des décennies ? Pourtant, Jérôme Morval a bel et bien été assassiné. Son corps poignardé a été découvert, noyé dans le ru de l'Epte, celui-là même qui irrigue l'étang aux nymphéas chéri par Monet. Qui a tué l'enfant du pays, brillant ophtalmologiste, collectionneur d'art et de maîtresses ? Fraîchement débarqué dans la région, l'inspecteur Laurenç Sérénac enquête en direction d'un mari jaloux, plus particulièrement le mari de Stéphanie Dupain, la jolie institutrice du village qui ne le laisse pas insensible. Son adjoint, le sage Sylvio Bénavidès, cherche ailleurs. Pour lui, le danger rôde toujours, un enfant serait concerné...La petite Fanette peut-être ? Une artiste en herbe, la plus douée de Giverny, promise à un brillant avenir...Une femme connaît le meurtrier : la sorcière du moulin de Chennevières. Vieille et aigrie, elle promène sa noire silhouette dans les rues du village, discrète, invisible, mais détentrice de toutes les vérités.

    Qu'il est malin ce Michel Bussi ! A chaque fois, il réussit le tour de force de nous chambouler dans les toutes dernières pages de ses romans. C'était le cas dans Un avion sans elle et c'est aussi le cas dans ses fameux Nymphéas noirs. Autour de trois personnages féminins forts, il construit une intrigue dont on ne soupçonne pas l'issue jusqu'au bout. Rien que pour cette fin, ce livre vaut d'être lu. Le reste est à l'avenant avec l'atmosphère propre à Giverny et ses paysages qui ont tant inspiré Monet et les impressionnistes. L'air de rien, le roman est une mine d'informations sur ce lieu emblématique, de l'installation du célèbre peintre, à ses problèmes de voisinage, jusqu'à la réhabilitation des jardins. Dans les pas de ses héroïnes, on visite le village et ses recoins les plus secrets, on profite de l'ambiance particulière, des vieilles pierres, de la lumière, du bocage normand qui a fait vibrer Monet.
    Mais bien sûr, tout n'est pas parfait. Bussi force le trait quand il nous présente deux flics différents mais complémentaires. Le sudiste Laurenç, sûr de lui, forte tête, qui marche à l'intuition et aux sentiments puisque son cœur ne peut s'empêcher de battre pour l'institutrice du village, alors même qu'elle est la femme de son principal suspect, est un brin caricatural, surtout quand il est opposé au normand cartésien, sérieux, soucieux du règlement et à la vie bien rangée. La police est donc bien le point faible de cette histoire qui vaut surtout pour les trois femmes qui l'illuminent, Fanette la brillante, Stéphanie la romantique et la vieille dame omnisciente, sans oublier Neptune, le sympathique berger allemand connu et aimé de tous. L'enfance, la fleur de l'âge et la vieillesse, trois générations dans un même lieu, enchanteur pour les visiteurs, cage dorée pour des habitants évoluant dans un décor de carte postale figé.
    Bref, un très bon moment de lecture, avec du suspense, du romantisme et une belle balade en Normandie.


  • Conseillé par
    26 novembre 2017

    Excellent

    Je me suis régalée !
    Ce Bussi est, pour le moment, celui que je préfère ! Je ne les ai pas tous lus, mais ceux que j'ai lus, je les ai appréciés.
    Celui-ci, en plus d'une intrigue qui nous prend jusqu'à la dernière page, avec ses superbes descriptions, m'a réellement donné envie de visiter Giverny.
    Mes amies ont beaucoup aimé également.


  • Conseillé par
    28 juillet 2014

    Il ne va pas m'être facile d'expliquer tous mes bémols puisque certains sont liés au dénouement. Si je reprends ma lecture en commençant par le début, je dirais que je n'ai vu d'intérêt à ce roman, avant la page 100, que dans la description de Giverny. On a en effet l'impression d'y être et je conseillerais plutôt de le lire après qu'avant d'y aller, afin de visualiser les lieux. L'idéal serait bien sûr de le lire sur place. Le style ne m'a gêné que trois fois : dans le prologue que je trouve vraiment mal écrit, quand une américaine commande son café dans un français hollywoodien (l'image ne me paraît pas "parlante") et quand l'inspecteur plonge dans les yeux mauves de Stéphanie, une métaphore que je ne supporte plus et qui est toujours employée par des auteurs (hommes donc) dans les romans que je lis. Mais c'est très peu et le style (ou l'absence de style) ne m'a pas plus gênée que dans d'autres polars. J'ai un peu souri quand Sylvio prétend qu'on va aux enterrements en bottes quand il pleut en Normandie (en bottes peut-être mais pas en caoutchouc quand-même), j'ai préféré supposé que c'était de l'humour. La première scène que j'ai vraiment aimée (malheureusement, ce fut aussi la dernière), c'est celle du repas entre les deux policiers et la femme de Sylvio parce que ce sont trois personnages intéressants. Michel Bussi construit un polar classique dans lequel la vie et les blessures des enquêteurs (je parle de tout ce qui n'a pas trait à l'intrigue) n'ont pas vraiment d'importance et moi j'ai tendance à aimer les enquêteurs brisés. Bussi réutilise des plats bien réchauffés comme l'énigme de l'enterrement. Mais le passage allant des pages 100 à 300 m'a ferrée parce que je me posais des questions et c'est à mon avis l'un des talents de Bussi de savoir ferrer le lecteur, l'autre étant de nous faire un roman genre "Monet pour les nuls" (je dis ça sans ironie, la série des ... pour les nuls n'est pas mal faite du tout). Mais après ces pages, je me suis ennuyée et à la résolution de l'intrigue, je me suis dit "Tout ça pour ça". Je n'ai pu m'empêcher de faire quelques recherches pendant ma lecture car le mélange fiction/ réel est parfois troublant, j'ai pu donc voir que cette photo de classe de 1936-1937 n'existe pas sur Les copains d'avant (il aurait pu partir d'une vraie photo de classe), idem pour la fondation dont on parle beaucoup dans ce roman. Par contre, il y a bien un Monet à Cardiff. J'avoue que ça, ça m'a plu, tout comme j'ai aimé que Bussi attire notre attention sur un autre tableau que Les Nymphéas lorsque les personnages vont au musée de Vernon, celui du Baiser de Steinlen. Il y a quand-même quelques banalités, quand par exemple l'enquêteur comprend uniquement en regardant le visage de son interlocutrice, que l'une des trois affirmations qu'il vient d'émettre est fausse. Et pour moi, la pire erreur, c'est le choix des prénoms de Jérôme, Stéphanie et Patricia qui trompent totalement le lecteur.